Mathieu Guillon réalise un rêve de gosse
Mardi matin, du côté de Béziers. Le soleil est déjà haut sur
la propriété de Robert Margé. Un petit vent marin tempère le
thermomètre. Dans l'arène privée de l'éleveur biterrois, c'est à un
pur moment de bonheur qu'assistent quelques happy few. Enrique
Ponce et Mathieu Guillon essayent des vachettes avant d'aller
découvrir les toros qui leur seront opposés jeudi 19 juillet dans
les arènes du Plumaçon pour la deuxième des cinq corridas de la
Madeleine 2012.
C'est ce jour-là que le Montois Mathieu Guillon cessera
d'être un apprenti torero pour devenir matador de toro. L'immense
figura de Valence sera son parrain d'alternative (1).
Mardi, par la grâce de la commission taurine montoise à
l'origine de leur rencontre, l'ancien et le jeune ont fait un peu
mieux connaissance. Le second en a encore les yeux qui brillent.
"Sud Ouest". Comment s'est déroulée cette matinée avec
Enrique Ponce ?
Mathieu Guillon. C'est un privilège et un honneur pour moi
d'avoir partagé cette matinée avec un maestro comme Enrique Ponce.
C'est un grand monsieur, plein d'humilité, très simple. Le fait de
tienter après le cours magistral qu'il me fait, c'est un moment
magique. C'est un avant-goût du 19 juillet. Si on prend autant de
plaisir, ça va être une grande corrida.
Il fait un vrai geste en étant votre parrain d'alternative ?
Même s'il est, parmi les figuras, un des moins exigeants
quant aux élevages qu'il affronte, c'est évidemment un geste.
D'autant plus que ce sera un élevage français.
Comment ça s'est fait ?
C'est la commission taurine montoise qui a choisi.
Lors de l'annonce des cartels, c'est celui-là qui a été le
plus applaudi…
C'est un cartel magnifique. Padilla est un exemple d'héroïsme
et il fait un vrai effort en acceptant de toréer cet élevage qui ne
lui offre pas forcément les garanties qu'il souhaite normalement.
Vous avez vu les toros qui vous seront opposés le 19 juillet.
Quel est votre sentiment ?
Elle promet cette course. Elle est bien faite, homogène,
bien présentée sans être monstrueuse. Avec ces toros de 480 ou 500
kilos, ça va bouger.
Une alternative à Mont de Marsan avec ce cartel, c'est un
rêve qui se réalise ? (Son regard s'illumine encore un peu plus).
Complètement. Depuis toujours je pense à ça, défiler avec
des stars. Après, mon objectif, ce n'est pas de me contenter de ça
mais d'aller plus haut.
D'aucuns appelaient de leurs vœux un cartel avec les trois
toreros landais…
Cela aurait été beau et historique mais je crois que c'est
encore mieux de les avoir chacun dans une course différente.
De quoi sera faite la suite de votre saison ?
On verra. Ce sera beaucoup fonction de Mont de Marsan. J'ai
des contacts mais sans apoderado, ça n'est pas facile. L'objectif,
c'est 2013. L'alternative, c'est une étape, après tous les
compteurs sont remis à zéro.
Pourquoi pas d'apoderado ?
Je préfère rester seul que d'avoir un apoderado manquant de
pouvoir.
(1) Le troisième homme de cette course qui devrait valoir son
pesant de cacahuètes sera le Cyclone de Jerez, Juan José Padilla.
Sud Ouest | Jean-François Renaut | 31 mai 2012